Il marchait dans la rue, une bouteille à la main. La démarche passive, l'allure impassive. Le visage las, le regard vide. La peau pâle et dure. L'habit mat, sali et poussiéreux. Une bouteille de whisky vidée était sa seule comapgne. Il remontait la rue sur le trottoir. Un coup sur le trottoir un coup sur la route. Du goudron sec, qui sentait fort, vous savez comme après une après-midi de chaleur. Pas à pas, l'homme se reconnaît. Dans le miroir du bitume, dans le miroir de son passé. Il reconnaît le présent. Il se voit. Il ne marchait plus, il marche maitenant. C'est tout autre chose, c'est un véritable pas vers la rédemption. Son blouson noir dépareillé lui, ne ressemble plus à rien, il avait l'air d'un mendiant, mendiant qui ne mendie pas, mais quémande, quémande du pain et un lit pour passer la nuit, oui, il a déjà la bouteille.

Passer du passé au présent, du présent au futur. Il va où ses pas le portent. Ce qui ne le mène nulle part, seulement là où le destin voudra qu'il échoue. Un hôtel caché derrière des bâtiments insalubres... ? Une maison d'hôte entâchée par la vue d'une autoroute et d'un magasin bon marché vendant des lampes bon marché...? Où ira-t-il? Où mangera-t-il? Mangera-t-il seulement? Pour payer, pas de soucis, il a de l'argent sur lui. Il en a toujours eu, mais pour éviter de se faire dévaliser, en tant que petite frappe, il connaît l'endroit où personne ne viendra la chercher. Son porte-feuille est bien caché. Et n'espérez pas trouver où il est, messieurs, mesdames les curieux qui lisez ce billet.

Un billet, une note du passé, qui sonne comme une partition d'un piano non accordé... Il frappe sur des touches de temps à autre mais le son est mauvais. Il ne ressent plus rien, ne voit plus rien, ne lit plus les symboles, ni les signes que les autres lui envoient. Dans le langage courant, c'est: il n'est plus sociable, il ne sort plus que pour boire, c'est un homme désaccordé, alcoolique, désoeuvré, malhonnête, déprimé, déprimant, ennuyé, ennuyeux... encombrant aussi. Il aura tout perdu, perdu sa famille, ses amis... son chien, son appartement... et perdu le sens absolu de sa ville, Los Angeles. La mère de toutes les villes.

Quand il avance, les lampadaires lui renvoient une image de lui illuminée. Un illuminé enluminé.... Il vole d'un geste gracile comme une luciole, d'un lampadaire à un autre. Comme dans les films, léger, mais le coeur lourd. Il ne chante pas, comme dans le film, il ne fait que graviter dans un monde qui ne lui appartient plus et dont le sens lui échappe.

A ce jour, jour funeste, John a l'âge de pierre, il ne travaille plus, ne mange plus, ne dort plus. Il cherche des hôtels. Chercheur d'hôtels professionels, toutes les nuits. Il avoue en connaître pas mal, avoir frôlé toutes les sortes de lits, de douches et de petits déjeuners buffets, il connaît les motels, les restaurants modestes, les bar fast-foods des routes abandonnés, et il connaît les lieux de la Nuit, la grande Noire, ou la Bleue si vous préférez, la Nuit des Hommes et des Femmes qui dans l'absolu, eux aussi, ont vouly oublié le véritable sens du mot "vie". John n'est pas une petite frappe pour rien, un voyou, telle est sa définition de lui-même, mais cela s'arrête là.Il ne fait pas de mal aux autres, seulement à lui même et... c'est déjà assez bien..

(*salut que penses-tu d'une petite rencontre avec Mike son dénonciateur?)
Edit: comme tu reponds pas au mp, je commence.